Générer du beau

Vous vous êtes certainement posé les questions suivantes sur la beauté «Qu’est-ce qui est beau ? » «Comment être beau? Existe-t-il une méthode, une recette pour faire du beau ?» «Pourquoi moi je trouve ça beau mais pas les autres ? » Un proverbe arabe dit : « la beauté est dans l’œil qui regarde ». En fait la réponse de notre être à l’esthétique, est purement personnelle, et dépend de nombreux facteurs culturels et émotionnels. La beauté d’un visage par exemple peut être appréciée comme une absence de défaut. C’est la beauté qui rassure quant à son vécu personnel. Mais au contraire cela peut être une aspérité qui étonne au lieu de susciter notre rejet. Dans la réponse esthétique, on trouve le plus souvent une émotion qu’il est difficile de comprendre pour soi et encore plus d’expliquer aux autres. Un jour j’ai découvert l’univers de l’espace mathématiques de Mandelbrot. D’abord subjugué par la richesse des images produites à partir d’un simple zoom sur un point particulier de cet espace, où les formes se répétaient avec des variations étonnantes, je me suis fait expliquer ce qui générait ces formes. La réponse était étonnante. La fonction génératrice était l’étude de suite, dans le simple plan des complexes, dont on étudiait la vitesse de convergence. On donnait une couleur au point à partir duquel la suite était calculée, en fonction de sa vitesse de convergence. Un élève de terminale peut comprendre le problème posé, cependant la question est bizarre, originale. La réponse à cette question est, elle, époustouflante. Si Benoit Mandelbrot avait gardé pour lui le secret de cette génération en ne divulguant que le résultat artistique de ses recherches, jamais on aurait compris le principe générateur de ces formes d’une richesse infinie.   Cela choque beaucoup de personnes, mais de nombreux mathématiciens pensent que tout est nombre. Le réel physique d’existerait pas et l’univers  ne serait que le résultat de perceptions diverses. En décomposant, la complexité on arrive à de simples fonctions primitives, finalement assez pauvres. Jeune étudiant j’avais été choqué par l’énoncé du théorème de Fourier. Ce théorème dit que tout signal cyclique, aussi complexe soit-il, peut se décomposer en une somme de vibrations à différentes fréquences. Une vibration est une simple vague qui fait monter et descendre de façon continue, répétitive et monotone. La vibration en tant que cycle rassure, car on sait qu’après être redescendu, on va remonter, puis redescendre. Ça ne finit jamais et c’est sans surprise. La fonction mathématique qui porte cette vibration est la fonction Sinus. N’ayant comme talent artistique que celui du contemplatif, j’ai imaginé des formes qui ne seraient que des sommes de vibrations, dans tous les sens, dans plusieurs dimensions. En les combinant, on génère des formes douces, organiques, qui rappelle des muscles, des viscères, un squelette. On repère quelques répétitions signant la simple vibration, la simple vague, la simple fonction sinus, mais ces répétitions ne se répètent pas complètement à l’identique et surprennent un peu dans leur rendu parce qu’elles sont simplement combinées avec d’autres. On entre progressivement dans le domaine du vivant, ou dans l’illusion du vivant.   Mon œil est surpris par le résultat. J’espère que le votre aussi.